Depuis janvier, la directive européenne DSP2 est rentrée en rigueur ouvrant la voie de l’Open Banking qui oblige les banques à partager une partie de leurs données aux fintechs. Ce sujet cristallise l’attention des médias depuis plusieurs mois et pose de nombreuses questions en matière de sécurité des données mais également de leur transparence vis à vis des clients.
Alors quelles informations retenir de cet emballement médiatique ? Auriga fait le point pour vous.
Quels constats ?
L’Open Banking en France n’en est qu’à ses balbutiements, l’échéance pour les banques courant jusqu’à septembre 2019. Les exemples en la matière étant encore peu nombreux, les médias se tournent vers les autres pays européens plus avancés sur la question pour chercher des mises en application concrètes. Le Journal du Net présente ainsi l’exemple de la banque Espagnol BBVA : « En mai dernier, le deuxième groupe bancaire espagnol a lancé une plateforme regroupant sept API qui donnent accès à des données liées au compte courant, au paiement, au crédit ». Néanmoins, le Royaume-Uni reste le pays le plus avancé selon un article des Echos, puisqu’il a lancé « dès septembre 2016, son propre chantier pour organiser le partage des données bancaires » estimant que la concurrence sur le marché des comptes courants étaient jusque-là limitée car les consommateurs ne changeaient pas assez souvent d’établissement bancaire.
Au-delà de la crainte générée par l’ouverture des API, certaines banques ont pris les devants pour en tirer des opportunités de business. C’est le cas de la banque Danoise Saxo Bank, dont l’exemple est détaillé sur l’Usine Digitale, qui souhaite étendre ses activités BtoB en développant « des solutions en marque blanche pour d’autres établissements bancaires » grâce l’Open Banking. « Cette architecture du système d’information repose sur des API ouvertes (souvent présentées comme des briques de Lego) qui permettent d’interconnecter différents services. A la différence d’une solution développée en marque blanche pour le compte d’un autre établissement, Saxo Bank se limitera à la mise à disposition de son infrastructure IT par l’intermédiaire d’API ouvertes. Le partenaire, lui, se chargera de toute l’interface utilisateur. »
Ce concept de centre financier en marque blanche est d’ailleurs une tendance qui de notre point de vue est amené à se développer dans les années à venir. En effet, au lieu d’avoir des DAB et des services accessibles seulement à certains endroits sous une seule marque, les banques pourraient tout autant collaborer et partager des sites pour leurs clients. Une version physico-numérique hybride de l’agrégation des comptes.
Le principal défi pour l’agence bancaire en marque blanche reste néanmoins la cohérence. Les utilisateurs s’attendent en effet à une expérience homogène, en ligne comme en agence. Il est impératif que les banques exploitent les solutions technologiques existantes pour offrir la gamme de services attendue par les clients. Une approche résolument omnicanale reste la base d’une expérience personnalisée, et un avantage concurrentiel de poids, même dans un environnement partagé.
Les données avant tout
Tous les articles sur l’Open Banking ne sont pas unanimement positifs. Dans la plupart des cas, la préoccupation première reste la gestion des données. Sont-elles bien sécurisées ? Comment les consommateurs peuvent-ils s’assurer qu’elles sont utilisées de manière responsable ? Autant d’interrogations qui sont le reflet d’une attitude plus circonspecte face aux données, affectant tous les secteurs d’activité. Et cette tendance tend à se développer avec l’arrivée des « digital natives » ou « Génération Z » sur le marché du travail.
Les banques se trouvent face une montagne à gravir en 2018. Elles vont devoir déployer de gros efforts pour (re)gagner la confiance de leurs clients, et porter un soin particulier à l’utilisation qu’elles font des informations qui sont à leur disposition. Les consommateurs ont envie d’une relation gagnant-gagnant où ils souhaitent trouver leur compte. Les banques vont donc devoir exploiter leurs données avant tout dans le but d’amélioration les services client et la personnalisation des relations. Ces données devront être traitées avec de nombreuses précautions par ces dernières au risque de voir la situation se retourner contre elles.
Open Banking : une arme à double tranchant ?
Pour les consommateurs ainsi que pour les banques, l’Open Banking représente de nombreuses opportunités. La directive DSP 2 ouvre la voie à de nouvelles possibilités et à la simplification. Mais pour en tirer tous les bénéfices, les banques doivent garder à l’esprit que leurs faits et gestes seront observés à la loupe, et qu’elles devront surtout reconnaître et respecter les réticences des consommateurs.